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Le no mans land

par Betty Boops 11 Septembre 2014, 14:14

Le no mans land

Maintenant qu’on a parcouru la côte est et qu’on a rodé les alentours de Cairns, on est fin prêt pour aller à Darwin. Prévoir son intinéraire ? Ce n’est pas franchement compliqué, y’a qu’une seule route sûre et praticable en van, et elle part de Townsville, ce qui t’oblige quand même à redescendre 300km pour enfin attaquer les choses sérieuses.

 

Comme on n’est pas fou, on a tout prévu : réserve de bouffe, jerrican d’essence, 30 litres d’eau. On s’est même préparé psychologiquement à sentir mauvais pendant le trajet, va trouver une douche dans le désert hein ?!

 

Fin prêt pour Darwin the place to be, on a tourné à droite passé Townsville, et voilà, nous sommes sur la Flinders highway et on a plus qu’à prendre nos 2500 kilomètres en patience pendant plus ou moins quatre jours. Youhou ! Parce que l’Outback australien ne te permet que de rouler de 7h00 à 17h00, et si t’as l’audace de vouloir conduire de nuit, t’as 90% de chance de shooter un kangourou ou un dingo, ou un cheval, ou une vache, ou un chameau et potentiellement flinguer ta caisse au beau milieu du désert au passage, pour finir bloqué en pleine nuit noire au milieu des herbes séchées, auprès de la carcasse de ta défunte wildlife et des charognards en quête de chair fraiche. Ouais ça fou un peu la pression, alors faut pas faire le con, et se dire mais de toute façon moi c’est I don’t care mate, j’ai un pare-buffle ! :D

 

Le premier jour passe plutôt vite, c’est l’excitation, tu roules sans fin vers un territoire inconnu, au son d’une playlist de 9h00, t’observes le paysage se transformer au fil des kilomètres, le vert devient jaune, les arbres se font de plus en plus rares et les courts d’eau sont à sec. Même toi dans ta voiture tu sens la température monter, et pour le coup tu te félicites d’avoir acheté une caisse de 1995 sans climatisation… ouais bon bah plus que 1800km.

 

Le deuxième jour, tu changes de playlist, et tu ne fais plus qu’un avec le bitume. Tu te retrouves à prendre des photos de la route, parce que tu l’aimes, parce qu’elle est belle, parce qu’elle le vaut bien. Elle et ses deux voies, elle, qui est si sécurisante quand un road-train de 55 tonnes à 4 wagons te doubles à 130km/h… Parce qu’ils n’ont pas le temps eux, comme on le dit si bien « Without trucks, Australia stops » (sans les gros camtard, l’Australie n’est plus)

 

Le deuxième jour c’est aussi le jour où tu décides de contacter tes deux potes fontenaysiens qui crèchent à Darwin. Quand ils te répondent enfin, ou plutôt quand tu captes ENFIN une ridicule barre de réseau, chose impensable quoi ! On est au 21ème siècle, le siècle technologique, envahit par internet et la téléphonie mobile, et y’a encore des zones sur la planète où il n’y a pas de réseau ??? Mais qu’elle blague ! Où va notre argent, ça on se le demande tous !  Bref, ton téléphone capte un signal de vie, et tu découvres qu’en faîtes, tes potes, ils ne sont plus à Darwin mais à Alice Springs, l’oasis en plein centre australien. Ah bah merde alors, on fait quoi ? On a plus que 1000 dollars en poche, l’essence est à 2 dollars le litre voir plus, je consomme comme un gros porc avec mon gros van de 95, mais en même temps retrouver deux potes dans le centre désertique australien ça n’a pas de prix tellement c’est trop la classe. Bon allez on est des fous, on a presque plus d’argent, mais on se lance quand même pour un détour de 1500km, juste pour eux, à dans deux jours les gars !!! =D, plus que 1500km

 

Le troisième jour, tu prends toujours ton mal en patience et tu trouves un nouveau jeu super marrant : compter les animaux morts sur le bas-côté de la route. Oui, c’est carrément glauque, mais quand tu vois ta première vache completly dead, retournée, les pattes en l’air t’allucines un peu et tu as la preuve qu’en effet, les panneaux attention vaches ce n’était pas des blagues.  Plus que 700km...

 

Et nous voilà déjà au quatrième jour, tout au bout de notre cher et tendre Barkly highway (oui parce qu’après avoir passé le panneau Welcome to the Northern Territory, la Flinders est devenue Barkley, à croire qu’on n’aime pas les Flinders dans le NT). face à l’unique carrefour du coin, face à la Stuart Highway qui par la gauche t’emmène au fin fond du désert pour vivre une aventure hors norme remplis de décors et paysages longtemps imaginés et rêvé, et par la droite leTop End et la fameuse Darwin, ville tropicale remplies de faune hostile où on est censé trouvé du boulot pour survivre dans l’univers hors de prix qu’est l’Australie. Le dilemme. Droite ou gauche ? Boulot ou road trip avec des potes au milieu du désert? GAUCHE !!! et si on passe la barre des 90km/h on arrivera plus tôt ! mouahahah

 

700km plus tard on retrouve nos potes à Alice Springs, ENFIN, et ils nous ont préparé un périple dans le bush le plus mythique de l’Australie, et on décolle demain matin à la première heure pour une semaine et 423 kilomètres d’aventure en destination du centre rouge et de l’emblématique Ayers Rock.

Le no mans landLe no mans land
Le no mans landLe no mans land
Le no mans landLe no mans land

On a pu écarquiller les yeux devant les gorges du West MacDonnell Ranges National Park, taillées dans les falaises et où des cours d’eau résistent encore aux dures conditions climatiques du désert, On s’est immergé dans un soupçon de culture aborigène en passant par Serpentine Gorge et Ochre Pits, une carrière d’ocre jaune, utilisé pour les cultes aborigènes.

 

On s’est offert une expérience 4x4 à rouler dans le sable rouge, à travers des rivières et sur des formations rocheuses pour rejoindre Palm Valley, l’oasis au milieu de rien, un décor jurassique et des palmiers chou qui survivent on ne sait pas trop comment.

 

On a tenté le diable en traversant les 150 km de la mereenie loop, avec notre van, une dirt road 4x4 conseillée. C’était long, un peu comme si notre coogy avait parkinson, on a serré les fesses à certains endroits, mais on a survécu !

 

On a bravé les dangers de la nuit pour assister à un inoubliable levé du soleil à Kings Canyon, et nous avons rejoint Uluru, le parc national le plus touristique d’Australie, LE parc où trône en maître le plus célèbre mont rouge d’Australie, Ayers Rock. Et il faut avouer que lorsque tu te retrouves face à lui, tu es rempli d’une émotion inqualifiable qui en pince presque le cœur. Tu te trouves face à un lieu sacré aborigène, un lieu de culte qui restera toujours méconnu des « blancs ».

 

Le no mans land

Tellement méconnu que les australiens n’en ont strictement rien à foutre des croyances aborigènes. L’ascension d’Ayers Rock est normalement interdite pour respecter la culture aborigène, mais pourtant, chaque jour, des centaines d’australiens équipés comme des alpinistes montent sans scrupules. Au coucher du soleil, ils ne se gênent par pour siroter des cocktails en bas des zones sacrées d’Ayers Rock, tandis qu’ils interdisent aux aborigènes tout accès à l’alcool partout ailleurs dans le pays. Ils exhibent des peintres en pleins milieu du centre culturel et les gens les regardent faire comme s’ils étaient des animaux en cage au zoo de Vincennes.

 

Pourquoi font-ils ça ? Qu’est-ce que ça leur coûte un peu de respect ? Ils ont détruit toute une civilisation, les ont obligés à vivre dans des communautés créées par le gouvernement australien, et à s’insérer dans une société qu’ils ne comprennent pas, et en échange, ils tirent profit d’une culture qu’ils méprisent et ne veulent pas comprendre…

 

Oui, c’est assez noir comme tableau, et ça fou les nerfs parce que malgré toute notre histoire coloniale, « l’homme blanc » demeure à jamais con encore aujourd’hui.

 

Mais bon, toi, le petit touriste européen, qui participe malgré tout à ce désastre puisque t’as payé ton entrée 25 dollars, qu’est-ce que tu peux faire ? Rien. Alors du coup, tu montres du respect à ta façon, en n’escaladant pas Ayers Rock, en ne buvant pas d’alcool à Uluru et en évitant le « zoo » culturel. Et au fond de toi tu espères qu’un jour, un Nelson Mandela aborigène face surface pour lutter contre cette ségrégation écœurante.

3 mois 8000 km, au Red Center

3 mois 8000 km, au Red Center

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commentaires
O
Vraiment top les copains ! hâte d'avoir la suite ! des bisous
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